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11 Novembre: souvenons nous!


DISCOURS DU 11 NOVEMBRE 2016 à JARDIN

Thierry Quintard, Maire de Jardin

Mesdames, Messieurs,

1916, il y a 100 ans, est l’année centrale de la Première Guerre Mondiale. Elle est complètement dominée, dans la mémoire collective des Français, par la bataille de Verdun au point que celle-ci résume et symbolise toute la guerre : avoir fait la guerre, c’est avoir fait Verdun. Le 21 février, après une préparation massive de l’artillerie comme le monde n’en n’avait jamais connu, l’infanterie allemande attaque la première ligne française et déclenche ce qui fut l’une des plus grandes bataille de l’Histoire. Notre armée a frisé la déroute, pourtant l’offensive allemande échoue finalement. D’abord à cause de la résistance héroïque de nos soldats qui sentent, dès les premières semaines que cette bataille est exceptionnelle, que son enjeu pour la France est tel, qu’il ne faut pas la perdre. Ensuite il y a la nomination du général PETAIN comme commandant des opérations le 24 février. Celui-ci met en place une impressionnante logistique. Il fait doubler la route Bar-le-Duc / Verdun (la fameuse Voie Sacrée) renforcée en permanence par 8 000 hommes et sur laquelle passeront 6 000 camions par jour, transportant 12 000 hommes et 15 000 tonnes de matériel. 155 ponts de bateaux seront établis sur la Meuse et 60 km de nouvelles voies ferrées construites laissant passer 36 trains de munitions et de ravitaillement par jour en direction du front. Il remonte le moral des troupes avec sa formule toute simple : « On les aura ! « et instaure la fameuse noria, la relève régulière des divisions qui laisse à chaque soldat l’espoir de quitter l’enfer après quelques semaines ou mois de combat. PETAIN est bien le grand artisan de la victoire de Verdun. Cette victoire défensive a été aussi obtenue grâce à l’appui de nos alliés anglais et des dominions britanniques qui ont lancé en juillet 1916 l’autre grande bataille de l’année, celle de la Somme dont on parle peu en France alors qu’elle a connu plus de morts qu’à Verdun. Sachons saluer aujourd’hui de leur sacrifice tous les jeunes volontaires britanniques, canadiens, australiens, sud-africains qui ont laissé la vie entre Bapaume et Péronne, où se rendent, quel que soit le jour de l’année, des centaines de leurs descendants

VERDUN, une bataille exceptionnelle ? Oui, elle le fut par les effectifs engagés : un ½ million d’hommes de chaque côté impliquant 73 des 100 divisions de l’armée française et par le nombre des tués : 162 000 Français et 143 000 Allemands, ainsi plus de 300 000 jeunes hommes perdirent la vie pour reculer de 5 km en février et reconquérir la ligne de départ en décembre, soit la distance de la mairie de Jardin à celle de St-Sorlin. Il faut se représenter le champ de bataille de Verdun : un grand rectangle de 20 km sur 10 km où on ne trouve plus aucune construction, aucun arbre, rien que de la boue ou de la poussière, le sol ayant été pulvérisé par la chute d’un obus au m2.

VERDUN, des messages d’espoir Au milieu de toute cette violence extrême apparaissent toutefois des lueurs d’humanité. Les deux camps qui ne s’épargnaient pas dans les attaques, avaient un assez grand respect l’un pour l’autre, ils se considéraient comme des adversaires, très peu comme des ennemis. Les soldats recroquevillés dans leur tranchées, vivant un véritable enfer de peur, de soif, de boue, circulant au milieu des camarades déchiquetés, savaient que ceux d’en face connaissaient le même sort. Les prisonniers de part et d’autre s’empressaient d’aider les blessés de l’autre camp sans même qu’on leur demande et n’étaient souvent l’objet d’aucune surveillance et jamais de sévices. Et c’est à Verdun que sont apparus les premiers cas de fraternisation : des soldats qui s’approchent des lignes adverses avec un drapeau blanc ou en criant le code « camarades « pour dire « je suis armé mais je n’ai pas l’intention de tirer », qui se serrent la main au bord de la tranchée et échangent du tabac, de l’alcool, du pain noir contre du pain blanc. Il y a ces aviateurs, Guynemer et autres, qui repassent au-dessus du point où ils ont abattu un pilote adverse et jettent une couronne de fleurs. Enfin il y a la mémoire de Verdun, célébrée de manière plus ou moins heureuse par tous les présidents de la République, et qui prend un relief tout particulier en 1984 avec cette photo qui a fait le tour du monde de François Mitterrand et Helmut Kohl se tenant par la main dans l’ossuaire de Douaumont, symbole éclatant de la réconciliation franco-allemande. Tous les jeunes qui ont visité Douaumont sentent bien qu’il s’est passé là quelque chose d’exceptionnel, de sacré. Tous ressentent comme nécessaire l’appartenance à une nouvelle entité politique dont les contours restent à définir mais qui porte déjà un nom : l’EUROPE. Rappelons-nous que c’est à Verdun, en 843, qu’il fut mis fin à l’Europe de Charlemagne, séparant et la Francie et la Germanie. Onze siècles plus tard, cette même ville meurtrie a l’ambition de les réunir à nouveau et à jamais.

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